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Le Liban et la Paix au Moyen Orient

2009-08-24

Le Liban et la Paix au Moyen Orient

Par

Amine Gemayel

Faculté de Droit de Sao Paolo

24 Aout 2009

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La planète « Terre » devient de plus en plus un « grand village » dans lequel le moindre évènement dans un endroit, a aussitôt des répercussions ailleurs. La globalisation dans tous les domaines, politique, économique et culturel, relayée par les moyens satellitaires des medias a réduit les distances et rapproché les hommes, les cultures et les civilisations. Une ère de coopération universelle se développe à tous les niveaux. Des accords internationaux étaient conclus dans tous les domaines, surtout ceux de l’économie, de l’environnement et de la culture… Des structures seront mises en place pour la protection des œuvres culturelles et artistiques, et éviter les dérapages dans les domaines de l’internet et les medias satellitaires.

Mais en même temps, cette globalisation a développé dramatiquement. Des phénomènes négatifs, tels certains fléaux sanitaires : les épidémies qui ont outrepassé les frontières nationales ; les crises financières dévastatrices dont la dernière à la bourse de New York et dont les conséquences se sont ressenties bien au-delà des Etats Unis. Le fondamentalisme religieux, qui a affecté douloureusement des sociétés entières et provoqué des guerres sans fin ; Et surtout, le terrorisme, qui reste la plaie béante des XXème et XXIème siècles, qui a atteint son paroxysme avec la tragédie du 11 septembre à New York.

Je viens, moi-même, d’une région éloignée, celle du Moyen Orient, qui n’est que l’un des cinq continents, et pas le plus grand, et d’un petit pays qui se nomme le « Liban », dont le nombre d’habitants est beaucoup plus petit que celui des habitants de la ville de Sao Paolo elle-même. Mais ma région et mon pays sont au cœur de ce Grand Village, ils ne cessent de frayer la chronique mondiale et nos « News » font souvent la Une de vos journaux locaux.

Le Brésil, leader dans cette partie du monde et qui aspire à occuper une place sur la scène internationale, ne peut rester insouciant aux problèmes de la société universelle. Il a un rôle primordial dans le développement des relations internationales.

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Je me sens encore plus chez moi, ici-même, à Sao Paolo et au Brésil dans un pays qui nous est très cher et qui héberge un nombre de libanais, supérieur au nombre des résidents au Liban même. Plusieurs millions de Libanais se sont installés au Brésil depuis plus d’un siècle. Ils se sont merveilleusement intégrés à la vie, à la société et surtout à la culture Brésiliennes. Ils se sont répandus sur tout le territoire et se sont installés dans les régions les plus éloignées. Ils ont occupé des fonctions politiques et administratives de premier plan et ont contribué substantiellement au développement économique du pays d’accueil. Et, nous en sommes fiers.

Le Brésil est une partie du Liban, et le contraire, c.à.d. le Liban une partie du Brésil, serait peut-être plus vrai. Votre langue s’est répandue chez nous, votre patrimoine culturel est familier à beaucoup de Libanais. Par contre, notre langue et notre patrimoine sont présents dans toutes les villes brésiliennes et enseignés dans beaucoup de vos écoles. Rares sont les peuples qui sont aussi proches l’un de l’autre et partagent les mêmes principes et les mêmes valeurs. Il n’y a rien de tel pour rassembler les peuples et unir les hommes.

C’est ainsi, que je me sens ici-même à Sao Paolo comme chez moi, dans un quartier de ce grand village, pour évoquer non pas des questions régionales qui ne concernent que nous-mêmes, mais des questions qui concernent en réalité, la paix et la sécurité mondiale, dont celles du Brésil lui-même.

C’est en cela que le Moyen Orient en général et le Liban en particulier intéressent les jeunes brésiliens ouverts aux problèmes de la société contemporaine.

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Vous m’avez demandé de vous parler de la Paix au Moyen Orient. C’est un thème très complexe qui défraie la chronique mondiale depuis plus d’un demi-siècle. Ses répercussions ont dépassé les frontières des pays de la région. Depuis la fondation en 1948 de l’Etat d’Israël, en lieu et place de la Palestine, a créé une nouvelle donne et provoqué un conflit sanglant qui ne semble pas toucher à sa fin.

Je vais essayer, dans une première partie, de faire le point sur ce sujet en brossant un tableau de la position actuelle des différents protagonistes concernés et évoquer certaines solutions envisagées pour mettre un terme à ce conflit; puis, dans une deuxième partie, j’évoquerai la position du Liban dans ce conflit et sa contribution à la construction de la Paix régionale.

I Le Conflit du Moyen Orient

L'histoire du Moyen-Orient est imprégnée, depuis la plus haute antiquité, par le message apporté par les trois religions monothéistes du monde.

Trois messages essentiels avaient vu le jour au Proche-Orient : le message du Talmud, celui de l'Évangile, celui du Coran. Ces messages révèlent des aspects indéniables de complémentarité. Ils plaident tous pour la fraternité, la paix dans l'adoration du Dieu unique. Cependant, quand les passions humaines deviennent extrêmes, quand les hommes se heurtent durement à propos de querelles profondes et séculières, la tentation est, hélas, grande de faire appel aux arguments religieux. Alors, c'est la guerre.

Le Talmud, par exemple, peut servir de cadre organisationnel à la vie politique. L'Etat d'Israël repose sur cette conception qui ne peut qu'aboutir à une démocratie restrictive et fermée.

L'Islam aussi est en proie aux velléités intégristes. Une loi religieuse est la loi civile et politique, alors, il est évident que se trouvent exclus tous ceux qui n'appartiennent pas à la communauté des croyants.

De même, le christianisme n'est pas à l'abri de la déviation théocratique. Une dictature impitoyable est au bout du chemin. Dictature d'autant plus implacable qu'elle se réclame de Dieu et de ses commandements!

On réalise, évidemment, la complexité du problème et la difficulté à réconcilier ou concilier les trois « Messages » qui dans leur essence sont largement complémentaires, mais dans la pratique, implacablement hostiles les uns aux autres. Jusqu’à se demander si certaines religions se prévalent vraiment d’un même Dieu !

Beaucoup d’efforts diplomatiques –souvent sur fond militaire- ont été déployés pour réconcilier palestiniens et israéliens et faire la paix entre les Etats arabes et l’Etat Hébreu. Un accord timide d’armistice, signé en 1948, reconnaissait implicitement la séparation de la Palestine en deux Etats : La Rive Ouest du Jourdain : l’Etat Palestinien sous tutelle Jordanienne ; et le reste de la Palestine devenait l’Etat d’Israël.

A la suite de la guerre de Juin 1967, Israël va étendre sa souveraineté sur de nouveaux territoires palestiniens, dont l’ensemble de Jérusalem… A cette occasion, le Conseil de Sécurité va voter la résolution 242 qui confirme internationalement le partage de la Palestine et invite les protagonistes arabes et israéliens à négocier les termes d’un accord de paix sur la base du principe : « Les territoires contre la Paix » ; en d’autres termes, les israéliens vainqueurs de la guerre de 1967 acceptaient de conclure la Paix définitive avec les arabes, si ceux-ci renonçaient aux territoires conquis par Israël avant la guerre de 1967 et du coup, reconnaissait l’Etat d’Israël.

Mais cette résolution ne sera jamais appliquée.

Plus tard, notamment à la suite de la guerre de Kippour de 1973, le Président Egyptien, Anwar Sadate et le premier ministre israélien Menahem Begin signaient en 1978 les accords de Camp David qui établissaient la Paix entre le Caire et Tell Aviv, et prévoyaient les grandes lignes d’un possible accord entre les Israéliens et les Palestiniens. Mais les surenchères arabes vont isoler l’Egypte du reste du monde arabe, et l’Organisation de la Libération de la Palestine (OLP) s’opposera à l’initiative égypto-israélienne. Il faudra attendre plusieurs années pour pouvoir établir un dialogue entre l’Olp et Israël qui aboutira le 13 septembre 1993 à la conclusion des accords d’Oslo, qui constitueront une feuille de route pour l’établissement de la Paix entre Palestiniens et Israéliens. L’assassinat d’Itzhak Rabin par les extrémistes juifs opposés à tout accord avec l’ennemi, et la disparition de Yasser Arafat, cosignataires des accords, neutraliseront ce processus de paix. Malgré tous les efforts déployés par la communauté internationale pour la poursuite du dialogue entre les deux parties, les accords d’Oslo ne seront que partiellement appliqués.

Sur un autre plan, les Américains, sous l’administration du Président Bill Clinton (négociations entre les Présidents Clinton et Assad à Genève) et celle de Georges W. Bush (négociations arabo-israélienne à Wy Plantation) vont déployer d’énormes efforts pour réengager le dialogue entre les divers protagonistes de la région… mais, sans succès !

Ce processus de Paix au Moyen Orient, est-il définitivement enterré ?

La réponse est NON. La dynamique de la Paix ne peut en aucun cas s’arrêter.

Malgré toutes les dissensions arabes, les chefs d’Etats arabes réunis à Beyrouth en 2004, vont adopter à l’unanimité l’initiative du Roi Abdallah d’Arabie, (Prince héritier à l’époque), qui revenait au principe initial : « Les territoires contre la Paix », et le retrait israélien total, contre la normalisation politique et économique totale. Cette normalisation ouvrait la voie à Israël pour profiter de la manne pétrolière du Golfe et l’ouverture des frontières aux produits israéliens… C’est une grande opportunité pour les israéliens, qui de plus, n’auront plus à investir autant sur leur machine de guerre.

Jusqu’à maintenant, les israéliens feront la sourde oreille à tous les appels des gens de bonne volonté. La politique du nouveau gouvernement israélien de Benjamin Netanyahu n’encourage pas les palestiniens pour engager un dialogue sérieux et constructif. Sur le plan national, Netanyahu œuvre pour une judaïsation à outrance de l’Etat au mépris du grand nombre d’arabes musulmans et chrétiens qui vivent en Israël. Sur le plan des territoires, le premier ministre israélien a engagé un programme audacieux d’implantation de nouvelles colonies juives sur des territoires habités par des arabes palestiniens. Bon nombre de familles seront expulsés de force de leurs foyers ancestraux. Ces démarches attisent les rancœurs entre les deux peuples et entravent sérieusement la recherche d’une solution sur la base de « la Paix en contre partie des Territoires ».

La Paix des cœurs, déjà difficile à réaliser, est gravement compromise par le phénomène irréversible de l’occupation des terres palestiniennes.

La résistance à Israël se fait de plus en plus pesante sur l’Etat et le peuple israéliens. A l’intérieur du pays, une certaine fronde gronde ; les frontières avec Gaza et le Liban ne sont plus aussi calmes et sures. Les pays frontaliers signataires d’accords ou d’armistices, tels que l’Egypte, la Jordanie et la Syrie sont dans l’embarras. Israël ne peut maintenir cette attitude négative qui encourage le développement du fondamentalisme islamique dans le monde arabe. Un phénomène qui menace, non seulement Israël, mais aussi les gouvernements arabes et déstabilise des sociétés entières au Moyen Orient et dans le monde. Les américains ont compris qu’il sera très difficile de traiter ce fléau, tant que le problème palestinien n’est pas réglé.

L’élection du Président Barak Obama aux USA a donné un nouveau souffle au dialogue arabo-israélien. Le nouveau Président a aussitôt désigné un émissaire pour la Paix au Moyen Orient, un connaisseur de la région : le sénateur George Mitchell. Le gouvernement israélien commence d’ailleurs à sentir la pression internationale. Pour la première fois, l’administration américaine et d’autres gouvernements, amis d’Israël, réprouvent publiquement la politique de colonisation de l’Etat Hébreu.

De même, la Syrie a repris le dialogue avec Israël par l’intermédiaire de la Turquie et avec l’encouragement de Washington.

Où tout ceci va-t-il mener?

Personnellement, je crois à la dynamique de la Paix. Elle est plus forte et plus consistante que celle de la guerre. La communauté internationale est concernée par cette noble entreprise, et la globalisation des responsabilités est requise, plus que jamais.

II Le Liban et le Processus de Paix

Quel est le rôle de mon pays dans ce processus de Paix dans la région?

Le Liban est au cœur de ce conflit, et la Paix régionale ne peut se concevoir sans son efficace contribution. Géographiquement, il est à la frontière de la Palestine, donc de l’Etat Hébreu. Stratégiquement, il a souffert des conséquences des duels sanglants qui ont opposé Israël au monde arabe dont nous faisons partie. Le pays des cèdres n’a pas directement et militairement participé aux deux guerres de 1967 et 1973, mais il en a subi toutes les retombées.

Démographiquement, il héberge sur son sol quelques centaines de milliers de palestiniens, musulmans sunnites dans leur grande majorité, qui dés 1948 ont commencé à affluer chez nous ; dans une société pluraliste confrontée déjà à un problème difficile de coexistence harmonieuse intercommunautaire. Ces nouveaux refugiés que certains milieux internationaux essaient d’implanter au Liban, posent à notre pays des problèmes humanitaires et sécuritaires sérieux qui ne seront résolus que dans le contexte d’un processus de paix, ou tout au moins de solidarité internationale.

Politiquement et diplomatiquement, le Liban est incontournable si les intentions sont bonnes pour aboutir à la paix régionale, juste et durable. Je dirai d’abord, pourquoi le Liban est indispensable dans la recherche de la paix. J’avancerai certaines idées qui renforceront sa contribution à la pacification de la région.

Tous les Libanais aspirent à ce que le Liban redevienne ce qu'il a toujours été: un havre de paix qui refuse toute exclusion, une terre d'accueil et de fraternité. Le Liban est une expérience rare de coexistence harmonieuse entre les religions et les ethnies qui devraient inspirer tous ceux qui cherchent à réconcilier arabes et israéliens, chrétiens, musulmans et juifs.

Notre exemple offre une pédagogie idéale dans ce domaine : alors que le conflit entre le Liban et Israël est à son paroxysme, un grand chantier est enclenché pour restaurer à grands frais la grande synagogue de Beyrouth, qui côtoiera les églises et les mosquées du centre ville. Un panorama hors du commun. Pas de Paix sans réconciliation ; cette réconciliation interreligieuse est déjà réalisée au Liban.

En fait, notre pays ne recherche que la Paix. Mais une paix juste qui reconnaisse réellement les droits et les aspirations de chacun de vivre dans un Etat souverain et libre.

Le contentieux entre le Liban et Israël n’est pas difficile à résoudre : Notre capitale, Beyrouth, n'a pas la connotation idéologique de Jérusalem, le sud Liban, n'a pas l'intérêt stratégique du Golan, et les impératifs sécuritaires entre les deux pays peuvent être facilement résolus. Jusqu'au début de la guerre du Liban, nos frontières avec Israël étaient les plus calmes, et le Liban n'avait participé ni à la guerre de 67, ni à celle de 73. Malgré cela, ce contentieux reste bloqué.

La solution de ce contentieux ne progresse pas parce qu’il est tributaire du contexte régional qui est lui-même bloqué.

Pourtant, l’initiative arabe proposée par le roi Abdallah d’Arabie lors du Sommet arabe de Beyrouth en 2004 offre une opportunité qui devrait être exploitée. Cette proposition est pertinente et équilibrée et constitue un papier de travail sérieux et dont l’émissaire au Moyen Orient du Président Obama devrait s’inspirer.

En attendant, ce que nous proposons comme une première étape, c’est d’engager le Liban dans des négociations indirectes avec Israël pour résoudre un contentieux frontalier entre les deux pays. Ce conflit frontalier a des répercussions très sérieuses sur la stabilité politique, économique et sécuritaire du Liban. Pour être claire, nous ne parlons pas de négociations de Paix avec Israël mais d’arrangements provisoires qui permettent le retour à l’accord d’armistice conclu entre les deux pays en 1949, et confirmé par l’accord interlibanais de Taëf en 1989. La résolution 1701 du Conseil de Sécurité de l’ONU de 2006 qui a consolidé en quelque sorte l’accord d’armistice, a prévu une force internationale massive d’interposition pour contrôler la frontière libano-israélienne.

A maintes reprises, L’Etat libanais, tout aussi bien que le Hezbollah, mouvement islamiste chiite qui prône la résistance contre Israël, ont conduit ce dialogue indirect avec l’Etat Hébreu pour arrêter les combats ou pour un échange de prisonniers.

La Syrie devra aussi contribuer à ce processus en remettant au gouvernement libanais les documents officiels nécessaires qui confirment la souveraineté libanaise sur les territoires de Kfarchouba et des Hameaux de Chebaa, occupés par Israël.

Ces démarches sont nécessaires pour faire avancer le processus de paix dans la région. Le Liban pourra alors apporter toute sa contribution à ce processus, il pavera la voie à cette paix et accomplira son rôle pédagogique.

Sur le plan interne, des réformes seront aussi nécessaires pour préparer notre pays à affronter tous les défis qui le guettent. Je propose un plan en quatre points qui confirmera le Liban dans sa vocation, développera ses institutions et renforcera sa sécurité nationale :

Tout d’abord, il nous faut reconnaître la laïcité de nos institutions nationales. C’est le moyen aussi de prévenir les maux dont a souffert le pays depuis sa fondation. Partant de là, les Libanais, chrétiens et musulmans, auront un message à transmettre au monde, et qui consiste à présenter à l’humanité ce premier modèle de coexistence à la fois religieuse et civile.La neutralité positive est une autre garantie pour préserver le Liban, assurer sa paix interne et l’immuniser vis-à-vis de certains conflits régionaux. Cette neutralité est aussi la garantie de son pluralisme et de la sauvegarde de ses institutions nationales. A l’évidence, le Liban restera toujours solidaire de l’unanimité arabe face au conflit arabo-israélien, mais il ne faudrait pas non plus occulter l’accord d’armistice de 1949, qui est supposé assurer le calme sur la frontière du Liban avec Israël, et auquel est venu s’ajouter en 2006 la résolution 1701 du Conseil de sécurité de l’ONU. Avec ces deux dispositions internationales épaulées par une force onusienne d’interposition musclée, cette neutralité positive devient une réalité de fait qu’il ne reste plus qu’à consacrer dans les textes libanais et internationaux.Puis la décentralisation. Dans un Etat pluriel comme le Liban, il est indispensable de créer de petites entités régionales de manière à mieux responsabiliser le citoyen, à mieux le faire participer aux différents volets de la vie publique, et lui permettre de mieux s’épanouir par la réalisation de ses aspirations légitimes dans son environnement sociocommunautaire.Enfin, je propose de redéfinir la vocation du Liban pour qu’il devienne « un espace mondial de dialogue entre les religions, les cultures et les civilisations ». Le Liban a toujours milité pour développer et protéger une expérience rare de coexistence harmonieuse entre les communautés et les religions qui composent la société libanaise. Cette expérience a survécu à tous les bouleversements et les guerres de ces dernières années qui ont déstabilisé un bon nombre de systèmes politiques dans la région du Moyen Orient. De plus, relativement à sa dimension, le Grand Beyrouth comprend le plus grand nombre d’universités et de centres culturels et académiques pluridisciplinaires et plurilinguistiques. Le Liban est donc habilité à devenir cet espace universel de dialogue, reconnu en tant que tel par l’ONU et par toutes les autres organisations internationales et régionales.

Les Libanais ont beaucoup lutté pour la réalisation de leurs objectifs nationaux, souvent au prix de leur sang et le sacrifice de leurs chers fils.

Il n’en reste pas moins que mes citoyens s’accrochent à leur vocation de missionnaires de la Paix. Ce peuple libanais, spontanément, mais sûrement, semble vouloir lancer à la guerre et ses séquelles le défi de la vie. Notre pays s'est bien affirmé comme un message d'ouverture qui a habilité le libanais à s'élever à l'universel en prenant conscience de ce qu'il y a en dehors de sa communauté restreinte. Il est convaincu, enfin, qu'il ne peut vivre sans l'autre.

La Paix régionale est notre défi national et il ne sera relevé que lorsque les peuples de la région prendront conscience que nous sommes tous sur le même bateau et que nous n’avons d’autres choix que de nous entendre ; et lorsque la communauté internationale sera convaincue que nous sommes tous citoyens de ce “Grand Village” et que les problèmes de la société universelle ne seront résolus que par une prise de conscience collective et une solidarité face à l’épreuve.